Mindset entrepreneur gagnant : Wenceslas Lauret

Mr Wenceslas Lauret est un des premiers entrepreneurs pour lesquels j’ai été amenée à travailler.

Notre première rencontre remonte maintenant à un an, et le souvenir de notre première prise de contact m’amène toujours un sourire aux lèvres. Aussi, quand il a décroché le téléphone pour m’accorder cette interview, je n’ai pas résisté à la tentation de lui avouer mes impressions initiales.

— Vous rappelez-vous comment nous nous sommes croisés ?

— Suite à un de vos posts sur Linkedin, votre façon romancée d’écrire m’a plu et j’ai décidé de vous contacter pour voir si vous pouviez rédiger des articles pour moi.

— Vous m’avez envoyé une invitation sur ce réseau social. Je l’ai acceptée en me demandant ce qui allait me tomber dessus. Je n’avais pour seul indice que cette photographie de profil. Et je n’ai pas compris à quel moment de votre vie elle se rapportait. J’ai émis toutes sortes d’hypothèses, inventé toutes sortes d’histoires : cette photographie me fascinait. D’ordinaire, sur Linkedin, nous postons des photographies plus banales, affichant ce qui nous semble être notre meilleur profil, et essayant de paraître sous notre meilleur jour. Vous aviez fait le choix de vous mettre en scène sur le réseau ainsi, j’en avais donc déduit que vous aviez affiché ce qui vous semblait correspondre à votre meilleur jour. J’ai néanmoins ouvert le message. Et j’ai cherché qui vous étiez sur Internet. Cela n’a pas été très difficile, il y a énormément d’articles sur vous et sur votre carrière de joueur de rugby international en tant que troisième ligne aile.

— Je n’avais pas vu ça comme ça.

Non, parce que votre défi à vous, c’est de rester authentique. Cette photo est très belle. Elle traduit l’effort, l’action, la puissance du geste, mais également combien vous êtes concentré, attentif et… inquiet. Comme si vous aviez peur que quelque chose vous échappe. Comme si vous redoutiez de ne pas tout maîtriser.

— Sur le terrain, il faut être connecté, toujours. Ne jamais lâcher. La moindre occasion peut faire changer le score. Et il faut montrer l’exemple. L’individuel est au service du collectif. Tout seul, on n’est rien. On est fort en équipe.

J’ai remarqué cette faculté d’implication immédiate quand je vous envoie mes projets rédactionnels. Cette faculté d’imprégnation instantanée, cette grande réceptivité. Vous vous appropriez le texte pour le lire, il ne vous reste jamais étrangé. C’est une très grande faculté, très porteuse dans l’entrepreneuriat. Un sport comme le rugby est pris en exemple par certains coachs d’entreprise. Est-ce à dire que les joueurs de rugby sont recherchés au sein des entreprises?

Oui. En tant que joueur professionnel, on peut à certains moments être sollicité. Camaraderie, entraide, et envie de se dépasser, ce sont nos valeurs, et les chefs d’entreprise les recherchent.

La reconversion professionnelle est une étape obligatoire. Je sais que vous avez particulièrement bien amorcé le virage pour un nouvel avenir et que vous pouvez envisager sans inquiétude le moment où vous ne serez plus lié par un contrat à un club. Comment les joueurs de rugby appréhendent-ils en général leur fin de carrière?

Personne ne réagit de la même manière. Nous bénéficierons le moment venu d’un accompagnement, mais pour accepter de faire de nouvelles formations, il faut une volonté de fer, et même si un joueur de rugby n’en manque pas, il est parfois difficile de se lancer dans une nouvelle voie. Le rugby permet de vivre des choses intenses, mais on a conscience que tout peut prendre fin du jour au lendemain du fait d’une blessure.

C’est ce que vous avez fait en fondant la société immobilière LIDEP. Vous avez fait le choix de l’entrepreneuriat et non du statut de salarié.

Je voulais rester sur une activité qui me corresponde. Entreprendre me correspond. Et même si je sais que je ne pourrais jamais vivre des moments aussi intenses qu’au rugby, je sais qu’en étant chef d’entreprise, je vais pouvoir me donner à fond, être toujours dans l’excellence, je ne vais pas avoir de limites.

Pourquoi avoir fait le choix d’une société immobilière? Comment est venue l’idée d’acheter, de rénover des biens pour les revendre?

J’ai préparé un Bac pro de menuiserie, et j’ai enchaîné avec un BTS « Economie de la construction ». Mais un sport de haut niveau comme le rugby, quand on passe professionnel, supporte mal la dispersion. L’entraînement est trop intensif. Aujourd’hui, le programme scolaire est plus adapté pour permettre de concilier les deux : travail scolaire et entraînements sur le terrain.

Comment avez-vous néanmoins trouvé la force de travailler en parallèle votre projet immobilier? D’aller jusqu’au bout de celui-ci malgré les difficultés?

Au rugby, on apprend à persévérer. Quand on est tout seul le soir avec son projet, en plus de sa journée de rugby, c’est parfois difficile de savoir par où commencer, il y a tellement de choses à faire ! Mais le sport nous apprend à prioriser les tâches, sélectionner les points importants à développer. On apprend à ne pas sombrer suite à une critique. Une critique permet de se remettre en cause pour être toujours plus performant. Savoir faire d’un avis quelque chose de constructif, savoir rebondir, exploiter l’information et gagner encore en aptitude. On apprend aussi à se présenter devant les médias : savoir adopter la bonne attitude face aux autres. Cela aide quand on fait le choix d’être entrepreneur.

Beaucoup d’entrepreneurs perdent face à la concurrence non pas parce que leur produit est moins bon, mais parce qu’ils ne savent pas se mettre en scène. Qu’ils laissent percevoir leurs doutes et qu’ils se montent impressionnables au lieu d’impressionnants. L’apprentissage dispensé au rugby, est-ce qu’il forge un mindset de gagnant?

Le mindset de gagnant on l’a, le rugby apprend surtout à le canaliser. Après, quand on monte un nouveau projet, il faut savoir qu’il y a de longs moments pour la réflexion. Il faut savoir peser et le pour et le contre pour que chaque idée soit cohérente et coordonnée. Il faut toujours travailler avec un fil conducteur.

Si je vous dis qu’avec le rugby vous apprenez à occuper l’espace pour votre entreprise, que ce soit l’espace-temps pour planifier correctement les tâches à accomplir, les achats et les paiements fournisseurs, la constitution et le maintien d’un fonds de roulement et le terrain sur lequel vous souhaitez évoluer et vous démarquer, vous répondez talking to me ou pas talking to me?

Talking to me.

Je vous avoue avoir regardé l’interview que vous aviez donnée sur la base du « talking to me » ou « not talking to me » et une ou deux autres car j’ai voulu confronter mon intuition à une image, un visuel. Mais je n’avais pas besoin de regarder sur Internet des séquences filmées où la caméra vous « piège » pour savoir que vous n’aimez pas les non-dits. Je le sais depuis notre première prise de contact. Vous vous exprimez avec spontanéité et franchise, tout en prenant le temps de la réflexion. Vous n’avez jamais voulu que je vous mette en scène dans ma rédaction, que je fasse référence à votre carrière de joueur international, ou alors simplement par une discrète allusion. Mais elle ne devait pas construire le message de votre société, LIDEP. Quand j’y repense, c’est drôle, cette manière d’être quelqu’un de tout neuf.

Je n’y avais pas pensé.

Moi non plus à l’époque, j’avais simplement affaire à quelqu’un qui connaissait son métier, qui me donnait un fil conducteur à suivre. Et qui me laissait m’épanouir dans mes propositions. Une vraie qualité de manager. Pour vous, j’ai travaillé une ambiance, sentant intuitivement que ne vouliez pas quelque chose de banal. Pour répondre à vos attentes, il fallait choisir ses expressions, choisir le moment de poser le mot, c’était à cet instant et pas à un autre. Et ne pas parler de chaussures à crampons dans un texte.

Non, on ne parle pas de chaussures à crampons dans le métier.

La formule traduisait pour moi que vous n’étiez pas le joueur au maillot aux couleurs du Racing 92 auquel on pouvait s’attendre, mais un chef d’entreprise qui réussissait dans un domaine complexe, très concurrencé sur le secteur. Vous n’avez jamais eu peur de cette concurrence?

Je ne me laisse pas gagner par le doute. Je ne me laisse pas abattre. Quand on entreprend, on accepte de se remettre en question. On sait que la concurrence fait partie du jeu et qu’on doit chercher comment se démarquer. En étant toujours plus performant. On travaille énormément, on ne compte pas ses heures, mais on a tant de plaisir à travailler pour soi ! On continue d’avancer même si on n’y arrive pas du premier coup. On prend du temps pour se former. Tout seul, ce n’est pas toujours facile d’avoir des réponses à ses questions. Il faut aussi savoir s’entourer des bonnes personnes.

D’une certaine manière, j’ai l’impression d’avoir vu se construire LIDEP. Pas seulement parce ce que vous avez mis les photos avant/ après sur le site ou sur le compte Instagram de la société. Mais parce que vous avez suivi une logique d’action. La dernière étant le règlement de copropriété. Les biens étaient vendus, pour deux, même sur plan, avant que la rénovation ne soit totalement achevée. Les acquéreurs ont eu confiance en vous. Et ils se sont reconnus dans l’ambiance des biens de la copropriété, une ambiance que vous avez travaillée avec soin, avec votre sensibilité. Une ambiance chaleureuse, où chaque détail est pensé avec professionnalisme, l’espace optimisé, dans le plus grand respect du public auquel il est destiné.

C’était ma préoccupation, faire en sorte que le plus grand nombre de personnes se sentent bien dans ma résidence. Comme chaque fois que l’on veut atteindre le plus haut niveau, la somme des détails construit les meilleures actions et les victoires. Dans un match gagner est l’objectif final. Pour ma société, gagner c’est obtenir et conserver la confiance de ceux qui cherchent à acheter.  Leur donner envie de faire appel à moi pour leur rêve immobilier.  Gagner, c’est comprendre leurs attentes et les respecter : j’ai à cœur de soigner chaque détail pour donner le meilleur, comme dans un match. Mais sur ce terrain là, gagner, c’est que toutes mes actions se soldent par cette victoire : apporter toutes mes valeurs, tout ce à quoi je crois dans un domaine où les transactions reposent sur des principes commerciaux. Et que cela matche.

Cet objectif, ce très beau concept, vous l’avez concilié avec un autre : préserver l’authenticité des lieux. Je suppose que cela a donné lieu à des heures de réflexion et de concertation avec des fournisseurs pour que la qualité des matériaux soit également au rendez-vous, celui que vous donnez cette fois pour concrétiser un rêve. Et je sais que ces mots chez vous ne sont pas une stratégie commerciale. Vous avez rendu accessible l’acquisition d’un bien immobilier dans un endroit aussi joli qu’Urrugne, sans sacrifier au charme ni au confort.

— C’est l’objectif que je m’étais fixé, celui qui m’a poussé : permettre aux gens de réaliser leur rêve…

Ce sont presque vos premiers mots quand vous m’avez expliqué ce que représentait pour vous la société LIDEP. Un rêve que vous avez projeté sur des plans, lui donnant votre impulsion. Comme de chercher à satisfaire le besoin d’indépendance de chacun en travaillant la répartition des espaces.

— C’était important pour moi que chacun puisse avoir une copropriété améliorée, avec une entrée indépendante, son jardin, sa terrasse.

Contrairement au rugby, chacun de vos acquéreurs regarde dans une direction différente (un des charmes de la construction de la Résidence). Vous restez néanmoins l’élément fédérateur. Votre reconversion professionnelle à vous, c’est de passer de troisième ligne aile à pilier, non?

Rires.

— J’ai toujours adoré tout ce qui se rapporte à la construction. Je sais qu’en faisant le choix de ce métier, et à mon compte, je pourrai vivre des moments intenses, même s’ils ne pourront pas être aussi forts que pendant un match de rugby.

Vous retrouvez l’esprit de construction qui guide un match, avec cette différence : c’est l’entraîneur qui pose le cadre dans un match. Pour la société LIDEP, le cadre, vous l’avez réfléchi, posé et énoncé, sans non-dits. Vous avez su faire de cette société une véritable force. Vos conseils pour ceux qui ont envie de se reconvertir et/ou d’entreprendre?

— Il faut avoir envie d’aller toujours plus loin. Il faut aussi être capable de comprendre le marché, de chercher l’information. De comprendre comment se fixe un prix de vente. Il faut savoir calculer ses objectifs en matière de rentabilité et se positionner par rapport à la concurrence. Il faut accepter de se remettre en cause pour être toujours plus performant. Le succès, c’est comme pour un match : 80% de la réussite tient aussi à sa capacité à s’adapter par rapport à l’adversaire. L’instinct est important, mais la patience, le travail pour se démarquer et pérenniser son entreprise le sont plus encore. Et avant de se lancer, on doit mûrir son projet. Et ne rien lâcher. Suivre chaque des étapes sans se démoraliser et baisser les bras, même si l’on n’y arrive pas du premier coup.

Il n’y a pas très longtemps, vous avez dit à un journaliste de l’Équipe « oh vous savez, mon image ». Il s’agit là de votre image de joueur de rugby. Votre image de chef d’entreprise est pour moi une référence et j’espère que ceux qui liront cet article comprendront que le message que vous leur adressez aujourd’hui est un message empli de force et de lucidité. De recul sur une année d’entrepreneuriat où votre chiffre d’affaires est une très belle performance. Une très belle invitation à prendre confiance en leurs capacités pour donner le meilleur d’eux-mêmes, comme s’ils étaient sur le terrain et qu’ils se retrouvaient dans le pack d’avants. Se jeter à bras le corps dans la mêlée sans avoir peur de ne pas être à la hauteur, car être à la hauteur, cela est aussi une affaire de travail acharné. Un très grand merci pour ce très joli témoignage.

— Avec plaisir.

J’ai réalisé cette interview avec beaucoup d’émotions. Mr Wenceslas Lauret est une de ces personnes qui vous donnent envie de travailler pour eux, qui accordent leur confiance et vous disent ce qu’ils pensent. Qui sont capables de vous dire quand une phrase ne leur convient pas et de vous dire qu’ils aiment le reste.
De belles qualités qui nous permettent à nous rédacteurs Web d’être heureux de faire notre métier.

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